Natal di Indonesia (Noël en Indonésie)

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En Indonésie, Noël est une fête célébrée principalement par les chrétiens, mais elle reflète aussi l’harmonie interreligieuse du pays. Bien que l’Indonésie compte une majorité musulmane, il est courant de voir des voisins ou amis d’autres religions participer indirectement, par exemple en rendant visite ou en partageant des moments conviviaux.

La nourriture joue un rôle central pendant les festivités, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas tant les plats eux-mêmes qui changent, mais leur diversité. On retrouve souvent des classiques indonésiens, comme le poulet frit ou les nouilles sautées, agrémentés de desserts typiques comme le nastar (gâteau à l’ananas). Ce mélange de traditions culinaires et d’échanges chaleureux font de Noël en Indonésie une fête unique et inclusive.

Pour l’article de cette semaine j’avais commencé à préparer un article un peu encyclopédique sur la tradition de Noël en Indonésie. Mais au final je me suis dit « qui mieux que les Indonésiens pour parler des différentes traditions familiales » J’ai donc interrogé différent(e)s ami(e)s pour savoir comment se déroulait Noël chez eux.

Entre traditions culturelles et familiales vous pourrez entre autre apprendre que en Indonésie :

  • Le nastar (petite boule de pâte sablée fourrée à l’ananas et surmonté d ‘un clou de girofle) est une des stars de Noël.
  • Que les églises sont pleines et que plusieurs célébrations se succèdent tout l’après-midi jusqu’à la messe de minuit et qu’il est conseillé d’arriver très tôt pour avoir une place assise.
  • Que « Douce nuit » se dit Malam Kudus.
  • Que pour les Dayaks, il y a la tradition de boire de l’arak (l’alcool local) et d’échanger du cochon (vivant, rôti etc.).
  • Que les musulmans aiment aussi l’ambiance de Noël.
  • Que mis à part les gâteaux secs il n’y a, en général, pas vraiment de plat de Noël, c’est plutôt le fait d’avoir tous les plats en même temps sur la table qui en fait un repas particulier.
  • Que décembre est aussi la période de révision pour les étudiants pour les examens finaux.
  • Que certains Indonésiens organisent des open house les 25 et 26 décembre ou amis et voisins sont invités à passer.
  • Que beaucoup de traditions culinaire tourne autour du cochon, sauf chez les batak Karao ou on sert un plat spécial : Cipera, une soupe de maïs jaune, et du poisson Nurung, un poisson cuit pendant des heures jusqu’à ce que les arêtes soient tendres.
  • Qu’en Indonésie Noël reste une fête familiale simple ou le plus important est de se retrouver.
  • Que à Sumba, pendant l’offrande, ce n’est pas seulement de l’argent qui est donné, mais aussi des légumes, des poules vivantes, des seaux, des balais et d’autres outils qui seront utilisés pour entretenir l’église.

Patrick (tradition Manado) :

Quand il était enfant le dîner familier se passait la nuit du 24 décembre. Comme menu : il y avait Pastel Tutup (gratin indonésien), Brenebon (soupe de haricots rouges), Ayam/Ikan Bakar & Sate Babi Rica (poulet ou poisson grillé à la sauce rica), Babi Tinoransak (ragoût épicé), Ayam Woku (poulet au lait de coco et épices), Babi Kecap (porc braisé avec la sauce soja sucrée), salade locale. Sans oublié les douceurs comme Kue Biji-biji (biscuits au cachuétes), nastar (sablés à l’ananas), kastengel (biscuits au fromage), et brudel (gâteau au beurre). Les cadeaux étaient placés sous le sapin de Noël et ouverts à minuit. Toute la famille proche se réunissait, bien que ses frères et sœurs aînés soient souvent absents, car ils assistaient à la messe ou passaient la soirée avec leurs amis.

Le lendemain (25 décembre) il se rendait à l’église avec ses parents. Le menu du déjeuner de Noël restait le même comme le diner de la veille, et toute la famille proche se retrouvait pour déjeuner ensemble. En fin d’après-midi et le soir, des proches qui ne sont pas encore mariés et des amis de ses frères et sœurs venaient faire une visite, et parfois restaient pour dîner.

Maintenant qu’il est adulte et marié, une partie du menu reste le même (Pastel Tutup, Brenebon, Ikan Bakar Rica, Babi Kecap et Tinoransak) mais il y a maintenant des options internationales comme des pâtes (bolognese, carbonara, aglio olio), des pommes de terre Bromo, des plats végétariens ou véganes, ainsi que des plats halal (comme le rendang ou le poulet grillé à la sauce soja) pour accueillir la famille de son épouse musulmane. Les desserts incluent toujours les nastar, kastengel, et aussi le klappertaart (flan au coco). Les cadeaux sont toujours placés sous le sapin de Noël et l’échange se passe le matin de Noël avec la famille proche. Mais il assiste seul à la messe de la veille de Noël. Même menu que pour le déjeuner de Noël (reste de la veille) et toujours déjeuner en famille proche. Ses frères et sœurs, neveux et nièces, ainsi que ses amis viennent souvent en fin de journée et restent parfois jusqu’au dîner.

Nastar, ils sont souvent surmontés d’un clou de Girofle ce qui n’est pas le cas ici

Lisa (tradition Batak de Karo et Toba) :

Sa famille à l’habitude de célébrer Noël avec des services religieux le soir du 24 décembre et le matin du 25 décembre. Elle aime particulièrement la messe de Noël, surtout lorsqu’ils chantent Malam Kudus (Douce Nuit), que les lumières sont éteintes et qu’ils allument des bougies.
Après la messe de la veille de Noël, toute la famille se réunit pour un dîner (au restaurant ou chez l’ainé de la grande famille). Le repas est plutôt simple et informel. En général, ils mangent dehors. Après le repas, ils échangent des cadeaux et ensuite tout le monde rentre chez soi.

Le matin du 25 décembre, ils vont à l’église pour le service de Noël. Ensuite ils divisent le temps entre les deux familles : d’abord chez sa famille, puis chez les parents de son mari.

Toute la famille de Lisa se réunit chez la sœur aînée de sa mère, qui vit à Jakarta, pour discuter. Avant d’échanger des cadeaux, une coutume pour ce jour est que les enfants préparent des performances, chacun avec un numéro de sa propre famille. Certains chantent, jouent de la musique (comme le piano), ses trois enfants jouent du violon, certains même font de démonstrations de taekwondo. L’échange de cadeaux est organisé par un administrateur dans le groupe familial, chacun reçoit le nom de la personne à qui il doit offrir un cadeau, et il y a un budget fixé d’un commun accord.

Pour les repas, étant de la lignée Batak Karo, il y a toujours un plat spécial : Cipera, une soupe de maïs jaune, et du poisson Nurung, un poisson cuit pendant des heures jusqu’à ce que les arêtes soient tendres. Ce plat est souvent accompagné de haricots longs. En Batak Toba, ce plat s’appelle Arsik, mais il est en sauce, tandis que le Nurung est moins liquide et plus savoureux à son goût. Ils ont aussi du BPK (Porc Rôti Karo) avec une sauce épicée à base de sang de porc. Cependant, il y a aussi de la sauce sambal ijo (sambal vert) avec le fameux poivre d’Andaliman. Ces trois plats sont toujours présents à Noël. Les autres plats varient chaque année, comme des nouilles frites, du poulet, des brochettes, etc.
Après avoir papoté avec la famille, elle va chez ses beaux-parents pour passer l’après-midi.

Chez ses beaux-parents, seuls ses beaux-frères et ses belles-sœurs se réunissent. Son mari est l’ainé de quatre garçons. Il y a donc les 4 hommes, leurs femmes et leurs enfants (ils sont neuf petits-enfants), donc la réunion de Noël comprend environ 20 personnes. Chaque année, ils font une photo de famille. Ici, ils sont un peu plus détendus, ils discutent, et comme chez la famille de Lisa, les enfants font aussi des performances.

Concernant la nourriture, ses beaux-parents préparent des plats typiques de Medan, comme Ayam Padar (poulet épicé), Sop Babi (soupe de porc), des crevettes au tauco (pâte de soja fermentée), mais aussi Babi Rica.
Sa belle-mère fait toujours une spécialité, les kembang goyang, des beignets légers et croustillants, à la forme de fleur. Le dîner chez les beaux-parents est suivi d’une bière et parfois, plus tard dans la soirée, d’un café Siantar (spécialité de la région). Très typique de la culture Batak !

Kembang Goyang


Bambino :

Quand il vivait encore sous le même toit que ses parents, ils allaient à l’église généralement le matin du 25 décembre, puis ils achetaient des plats à l’église, et tous les 8 (sa famille proche : ses parents, Bambino et ses 5 frères et sœurs) mangeaient à la maison. Il n’y a jamais de code vestimentaire particulier, tant que c’est décent.
Maintenant il préfère aller à l’église le 25 matin avec sa famille, mais parfois il assiste à la messe de minuit le 24 s’il est avec des amis.

Ce qu’il trouve souvent le jour de Noël, c’est le gâteau de Kerstkrant, car sa mère en achetait toujours.
Dans sa famille, il est rare qu’ils organisent des portes ouvertes, mais ils reçoivent souvent des invitations pour manger chez des amis avec leur famille et leurs proches le 25. Le 26, ils reçoivent aussi des invitations pour un déjeuner chez des amis, puis l’après-midi, c’est l’heure de l’ happy hour (pour profiter de sa vie à Bali).
Son plat préféré de Noël quand il était enfant, était une variété de plats à base de porc, que ce soit à la mode locale, occidentale ou chinoise.
Pour Bambino c’est le repas complet, c’est-à-dire plusieurs types de plats à présenter sur la table à la maison, qui fait l’ambiance festive, donc typique de Noël.

Gutik (tradition catholique) :

Le 24 décembre est un jour assez court pour lui. Ce jour-là, il est souvent en congé ou travaille à mi-temps. En tant que catholique, il célèbre généralement Noël le soir du 24 décembre. Il prend souvent la première messe du 24 (dans l’après-midi), qui commence vers 16h30 ou 17h00, mais les bancs de l’église sont déjà pleins 1,5 heure avant. Donc, il doit partir au moins 2,5 heures avant le début de la messe. Il ne va jamais à la messe du 25, sauf quand ses enfants étaient petits, il y avait une messe pour enfants le matin du 25 décembre.

Il n’y a pas de code vestimentaire spécifique, mais selon la tradition, ils portent généralement du rouge ou du vert. Il pense qu’il y a une « couleur liturgique catholique » pour la messe de Noël (le violet ou le blanc), mais les fidèles ne sont pas obligés de suivre cette couleur liturgique.

Dans sa famille, ils mangent généralement de la soupe de queue de bœuf ou du brenebon (soupe de viande). Chez mes beaux-parents, c’est souvent du stoop macaroni (une velouté de crème). Parfois, ils préparent un poulet rôti entier ou un bistik. La nourriture a une touche occidentale/néerlandaise traditionnelle, pas de lait de coco.
Cependant, maintenant que ses beaux-parents vieillissent, il n’ose plus leur demander de préparer du stoop macaroni, pour ne pas leur imposer une charge.
Toute la famille participe au repas, comme pendant la fête de l’Aïd après la prière.

Stoop macaroni

Sa mère vient d’une famille musulmane, donc sa tante et son oncle viennent à la maison.
Quand il était enfant, il a vécu dans un quartier principalement Betawi (donc musulmans). Les voisins venaient vraiment chez la famille de Gutik et leur souhaitaient un joyeux Noël. La maison était pleine d’enfants qui voulaient voir le sapin de Noël. Même jusqu’aux années 2000, ses voisins betawi envoyaient une caisse de Coca-Cola pour sa famille… C’était incroyable… Maintenant, les salutations se font principalement par des messages dans un groupe WhatsApp de quartier, et seulement 5 à 8 personnes de tout le groupe participent.

Ce qui est nostalgique pour lui, c’est l’atmosphère de décembre, quand il commence à pleuvoir. Quand il était enfant, son père les emmenait en voiture à Java Central chaque décembre. À l’époque, ce n’était pas encore à la mode de voyager en voiture à travers le pays comme aujourd’hui, mais son père commençait déjà à faire ces voyages. Voyager vers Java Central ou l’Est pendant la saison des pluies était une vraie expérience.
Une autre nostalgie, c’est l’ambiance de Noël dans les centres commerciaux, avec la musique de Noël et les décorations.
Quant à sa célébration de Noël elle-même, elle est assez standard : repas de gâteau, Père Noël, sapin de Noël. Mais pour un catholique, la plus grande célébration est Pâques, pas Noël. Même la messe de Noël n’a pas de processus spécial (bien qu’on puisse ajouter des éléments comme la scène de la naissance de Jésus), elle reste comme une messe normale, assez courte.

Le moment approché de Noël est assez spécial pour Gutik. Depuis du début de décembre, ils écoutaient déjà des chansons de Noël et ils installaient le sapin de Noël. Son père préparait toujours le sapin de Noël pour lui. Gutik est aussi allé à l’école catholique et décembre, c’était comme un mois de détente, après les examens finaux, il y avait des activités scolaires. Cela rendait l’atmosphère de décembre très différente des autres mois.

Il compare aussi le repas de Noël au repas de l’Aïd, c’est-à-dire que c’est comme le ketupat sayur (un plat à base de gâteau de riz et de velouté de légumes) pour le petit-déjeuner quotidien vs le ketupat servi pendant l’Aïd. La nourriture ressemble mais l’ambiance de fête donne quelque chose de différent.

Inesh (elle habite à Surabaya*) :

Depuis quelques années, elle ne va plus à l’église, ni pour les services réguliers ni pour des occasions spéciales. Par contre, elle passe Noël en dîner à quatre entre femmes avec sa mère, sa fille et sa sœur qui rentre à Surabaya (parce qu’elle vit à Jakarta). Pour cette sortie il n’y a pas de code vestimentaire particulier parce que c’est un dîner familial. Cela dépend simplement de l’endroit où elles vont manger.

Depuis que sa fille est à l’université, la fin décembre est aussi celle des examens finaux. Elle est toujours occupé avec ses devoirs et beaucoup de ses amis viennent travailler chez elles. Donc pas de porte ouverte ni de fête à organiser.

Décembre période de révision pour les examens finaux.


Noël est une période de longues vacances, parce que tous ses étudiants sont en congé pour la fin de l’année. Des fois Inesh rencontre quelques amis qui rentrent à Surabaya (parce qu’ils travaillent en dehors de la ville), ils mangent chez l’un d’eux, prennent des photos, discutent, passent du bon temps entre amis.

Le moment le plus nostalgique pour elle était quand ses grands-parents étaient encore vivants, la famille se réunissaient souvent. Les plats étaient généralement halal à l’avant, et les plats non-halal étaient préparés à l’arrière, réservés à certaines personnes de la famille. Ils pouvaient être 20-30 personnes à se rassembler et c’était super.

*Surabaya est une ville d’Indonésie. C’est la deuxième plus grande ville du pays (après Jakarta, la capitale) avec une population de plus de 3,1 millions d’habitants (5,6 millions dans la métropole urbaine). C’est la capitale de la province de Java oriental. Elle est située sur la côte nord de Java.

Yosef (cuisine philippine et tradition de Sumba*) :

Dans la famille de Yosef, la tradition de Noël commence généralement par la messe de la nuit du 24 décembre. Ensuite, ce qu’ils font toujours, c’est préparer un jambon de Noël à la manière philippine, car sa mère vient des Philippines. C’est une recette qu’elle lui a apprise ainsi qu’à ses sœurs. Donc, même s’ils sont éloignés, ils préparent toujours ce jambon de Noël avec la même recette.

Autrefois, quand sa maman était encore en vie, elle fabriquait un « Parol » (une étoile de Noël) pour représenter l’étoile suivie par les Rois Mages jusqu’à Jésus dans la crèche. Cette étoile était accrochée à l’extérieur de la maison et ornée de guirlandes lumineuses. En dessous, il y avait souvent des décorations de la Nativité ou des scènes de Noël.

Exemple de « Parol » étoile de Noêl traditionnelle aux Philippines


Le jour de Noël, du midi au soir, la famille, les amis et les proches viennent chez eux pour partager un déjeuner ensemble. Le plat de Noël traditionnel chez eux est ce jambon de Noël, qu’ils mangent avec du pain et du fromage (queso de bola), mais ils peuvent aussi choisir d’autres types de fromage selon les goûts.

Le sapin de Noël est déjà installé au début de décembre et généralement, ils le démontent à la fin janvier. Chaque année, il y a l’habitude d’ajouter une nouvelle décoration à accrocher sur le sapin.

Puisqu’il est actuellement à Sumba, la messe de Noël là-bas est très influencée par la culture locale. L’entrée du prêtre dans l’église est souvent accompagnée de danses traditionnelles animées par les membres de la communauté paroissiale. Pendant l’offrande, ce n’est pas seulement de l’argent qui est donné, mais aussi des légumes, des poules vivantes, des seaux, des balais et d’autres outils qui seront utilisés pour entretenir l’église.

Le chœur chante aussi des chansons de Noël avec une forte influence locale. Quant à sa tenue, il n’y a pas de code vestimentaire ou de couleur spécifique. L’important est d’être soigné et respectueux.

*Sumba est une île d’Indonésie. Elle fait partie des petites îles de la Sonde et relève de la province des petites îles de la Sonde orientales.

Jacqueline :

Elle a grandi dans une école chrétienne protestante (de la maternelle au lycée), mais sa famille en Indonésie est principalement Kong Hu Cu (Confucianisme). Ses souvenirs de Noël viennent surtout de son environnement scolaire. Elle partage donc l’histoire de ses amies.

Voici une histoire de pasteur Batak*, chrétien protestant :
« Le 24 et le 25, nous sommes toujours occupés par les préparatifs de Noël. Le code vestimentaire est généralement décidé par l’église, donc nous le suivons. Pour 2024, le 24 au soir, l’église a fixé le code vestimentaire : les hommes en costume, les femmes en kebaya (note: tenue traditionnelle indonésienne) et le 25, c’est libre, mais toujours respectueux. Nous cuisinons ensemble avec les gens de l’église. Ceux qui mangent sont les membres de l’église. Le saksang** est un plat incontournable dans notre église chaque 25 décembre. Nous cuisinons ensemble et mangeons ensemble. Il y a aussi de la soupe. Le porc rôti est réservé aux Parhobas***. Certains morceaux de viande sont grillés pour les repas collectifs. Les visites à la maison sont rares à Noël, mais elles se font plutôt le 1er janvier (les Bataks font souvent ça). Mon souvenir préféré est celui de faire des gâteaux avec la famille… c’était amusant. Mon gâteau préféré à Noël, c’est le Nastar… j’en mange jusqu’à ce que j’en sois rassasié à chaque Noël et Nouvel An. »

*Le nom de Batak désigne en Indonésie une ethnie de plus de six millions de personnes, vivant dans la province de Sumatra du Nord. Les Bataks se répartissent en 6 groupes qui partagent des traits linguistiques et culturels communs.
**Saksang = du porc coupé en petits morceaux puis cuit avec des épices et du sang de porc jusqu’à ce que la sauce soit épaisse.
***Parhobas = une section spéciale (secteur consommation), ils sont responsables de tout, de la préparation de la viande à la cuisson du saksang.

Saksang

Voici une 2ème histoire (aussi Batak, il vit à Depok, à côté de Jakarta) :
« Ma famille et moi allons généralement à l’église le 25. Le 24, on prépare pour le lendemain. Mais il n’y a rien de vraiment spécial. »

Y a-t-il un code vestimentaire spécial ?
« Pas vraiment. Normalement, on porte des vêtements jolis. Les enfants et les adolescents reçoivent souvent de nouveaux vêtements pour Noël. Nous sommes trois filles, donc on reçoit toutes une nouvelle robe et de nouvelles chaussures pour Noël. »

Allons-nous à l’église le 24 soir ? Ou le 25 ? Ou les deux ?
« Nous allons à l’église le 25. »

À la maison, que mange-t-on, qui cuisine, où l’on achète, ou on commande ?
« D’habitude, c’est ma maman qui cuisine divers plats. Il y a toujours du rendang et un gâteau Forêt Noire. »

Qui vient manger ?
« Nous, en famille, et des amis ou des proches qui viennent à la maison le 25. »

Y a-t-il une porte ouverte pour les amis ou voisins qui ne célèbrent pas Noël, le 25 ou le 26 ?
« Les open house sont généralement le 25 ou le 26. Les amis et voisins viennent après l’église. »

Quel est le souvenir le plus spécial pour toi ? Un souvenir d’enfance ?
« Noël était surtout rempli d’activités à l’église… chanter, danser, jouer des pièces de théâtre. Le plus spécial pour moi, c’était aller à l’église avec ma famille, chanter « Malam Kudus » (Douce Nuit) en tenant une bougie allumée. »

Quel est ton plat préféré à Noël ? Est-ce un plat qu’on mange seulement à Noël, ou aussi à d’autres moments, mais qui « se sent différent » pendant les fêtes ?
« Ma maman cuisine toujours une grande variété de plats, y compris du rendang, de la soupe de viande, du gâteau Forêt Noire, etc. Mais ce qu’on ne mange que pendant Noël, ce sont les gâteaux comme le nastar, le kaastengel, les kembang goyang, qui sont toujours sur la table des invités. »

Lisa de Bali (sa réponse et la réponse de ses cousins) :

Quand leur grand-mère allait encore à l’église (avant le COVID), ils préparaient la maison pour Noël… le soir, il y a la messe de Noël pour la famille qui le fête. Pour le reste de la famille qui ne fête pas Nöel, ils les attendent pour se rassembler dans le salon, discuter en grignotant des cookies, mais il n’y a pas de programme particulier à part passer le moment ensemble, en allumant les feux d’artifice, etc. Parfois, des membres de la famille plus éloignés venaient.

Le matin du 25, une partie de la famille assiste à la messe de Noël à l’église, les autres regarde la messe de Noël diffusée depuis le Vatican. Après l’église, ils rendent visite à la famille qui fête Noël ou quelqu’un fait une porte ouverte. Ils préparent le déjeuner, souvent pour la soirée aussi (ils cuisinent en grande quantité). L’agenda consiste uniquement à se rassembler à la maison, jouer à des jeux ou regarder des films. Toute la journée, ils mettent des enceintes et passent une playlist de Noël pour vraiment sentir l’ambiance. Parfois, si quelqu’un a des enfants, ils sortent déjeuner dehors pour que les enfants puissent profiter de l’ambiance de Noël, que ce soit au centre commercial ou dans un autre lieu de loisirs.

En général, c’est la grand-mère qui cuisine. Ils n’achètent presque jamais, sauf depuis deux ans où on commande un « chicken loaf ». Avant, ils cuisinaient des plats indonésiens un peu plus complexes (et avec des épices authentiques) comme le ketupat tahu, le ayam opor, le sop brenebon, ou du poisson/fruit de mer grillé à la Jimbaran*. Parfois, ils faisaient du BBQ Coréen et achetaient de la viande, mais ils la marinaient eux-même et préparaient les légumes et les salades. Si ils achètaient quelque chose, c’est surtout des snacks : pudding aux fruits, pudding au lait, gâteaux secs (kastengel, putri salju, cookies aux pépites de chocolat, nastar sont toujours présents), et d’autres douceurs comme des chocolats fourrés, des choux, des tartes miniatures. Ça change chaque année en fonction de ce qu’on a envie de manger.

Putri Salju

Le souvenir qu’ils tiennent plus précieux c’est que Noël est le moment de rassemblement familial. Lisa se souviens toujours de chasser les sapins de Noël et les décorations avec sa maman. Il y a aussi une année où toute la famille était réunie et ils ont passé toute la nuit à jouer à des jeux de société (Monopoly, cartes, etc.).

Leur plat préféré pour Noël est assez varié. Ce qui est toujours un favori depuis les deux dernières années, ce sont des douceurs comme des pralines avec différentes saveurs (par exemple : thé vert). Mais le préféré de Lisa reste les gâteaux secs (car ils ne sont disponibles que pendant la période de Noël), tant que pour ses cousins c’est le pork belly (ça se mange aussi le reste de l’année mais ça a un goût spécial à Noël).

*Jimbaran est un village de pêcheurs et une station balnéaire à Bali, en Indonésie.

Patricia (de Sumba, province de Nusa Tenggara oriental (Nusa Tenggara Timur en indonésien). Elle se trouve à l’est de l’île de Bali et de Lombok, et au sud de Flores)

Chaque 24 décembre, tout le monde va à l’église pour célébrer la messe de la veille de Noël, en famille. Après la messe, ils dînent ensemble au restaurant ou dans une brasserie. Ensuite, le 25 décembre, ils célèbrent la messe de Noël, puis ils partagent un repas à la maison.
Il n’y a pas de code vestimentaire particulier, mais ils ont tendance à préparer des vêtements dans des couleurs évoquant Noël, comme le rouge, le vert et le blanc.
À la maison, ils préparent ou cuisinent différents plats : poulet frit, opor (plat indonésien au lait de coco), nouilles sautées, boulettes de viande (bakso), poisson gurame aigre-doux (généralement acheté), sambal goreng (légumes ou viande sautés dans une sauce épicée), sautés de fleurs de papaye, et poulet serundeng (râpé de noix de coco).
Pour le dessert, il y a des gâteaux comme des brownies, du gâteau roulé (bolu), du gâteau moka, des biscuits Kong Ghuan ou Monde. Côté boissons, des soft drinks, et toujours du sirop au goût d’orange (une boisson légendaire pour elle).
Tout la famille participe au repas.

Opor Ayam

Tony (Palembang*) & sa femme, Anastasia (Dayak**) :

Leur habitude de Noël n’est pas si différent. Ils font le rassemblement de la famille, aller à l’église pour fêter Noël et visiter les autres membres de la famille. Il n’y a pas de tenue vestimentaire spécifique, juste être habillé correctement et de manière décente.

Pour le repas, il n’y a pas de nourriture spéciale Noël, mais ce qui est vraiment typique ce sont de différent gâteaux comme : Nastar (gâteau à l’ananas), Putri Salju (gâteau enrobé de sucre glace), Bolu (gâteau roulé), etc. Cela peut être préparé à la maison ou acheté dans des restaurants ou boulangeries proches ou habituelles, si disponibles.
Tous les membres de la famille ou les proches sont présents.

S’il y a une porte ouverte, ce sera le 26 décembre.
Pour le souvenir spécial, c’est surtout l’échange de cadeaux.
Pour les Dayaks, il y a la tradition de boire de l’arak (l’alcool local) et rôtir du porc.

*Palembang est une ville d’Indonésie, dans le sud de l’île de Sumatra. C’est la capitale de la province de Sumatra du Sud.
**Les Dayak (ou Daya) sont un ensemble de peuples autochtones des îles de Bornéo, partagée entre l’Indonésie et la Malaisie, de Sumatra et de Célèbes. Cette population est divisée en environ 450 groupes ethniques.

Gemmy :

Je ne suis ni chrétienne/catholique, toute ma famille est musulmane, mais je suis allée à l’école chrétienne (de l’école maternelle jusqu’au collège) et au lycée/université catholique. Ma famille ne fête pas Noël mais j’ai souvent participé à la célébration de Noël avec l’école (à l’église, par exemple). Des fois le jour après Noël je suis allée visiter mes amies qui le fêtent. Elles sont chez elles avec leur famille, je suis arrivée avec d’autres amies, pour leur rendre visite, manger et passer le moment ensemble, dans ce qui est normalement une période de vacances pour nous. C’est le moment de détente et de partage.

Mon père vient d’Aceh (qui a aussi le surnom de Parvis de la Mecque), mais en approchant Noël il a toujours mis l’ambiance de Noël à la maison en mettant les chansons de Noël en boucle (pas de Mariah Carey à l’époque, plutôt Feliz Navidad, White Christmas etc.) surtout en weekend. Ma soeur et moi savons jouer de piano, donc souvent il nous a demandé jouer des chansons Noël (et j’ai frimé ce que j’ai appris à l’école parce que j’ai joué de piano quelques fois pour la célébration de Noël de mon école à l’église). Le 25, il avait l’habitude de regarder la messe de Vatican. Des fois j’ai regardé avec lui.

Depuis que je vis en Europe, j’adore le marché de Noël surtout en Allemagne. J’aime particulièrement leur vin chaud du vin blanc et l’ambiance très chaleureuse. Je ne vis pas en Allemagne mais l’Allemagne me manque toujours en période de Noël.

L’année dernière j’ai découvert le marché de Noël en Espagne. Une ambiance très différente à celle de l’Allemagne/de la France, mais je l’apprécie autant.

Dommage que mon père n’est plus dans ce monde, sinon j’aurais pu partager les photos et les vidéos de ces marchés de Noël, ce qui je sais lui aurait un grand plaisir à découvrir.

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