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La partie 1 ici (présentation de l’Imlek en Indonésie)
J’ai approché deux amies pour découvrir comment elles fêtent Imlek. Voici leur témoignage :
Cecilia (elle est née, grandie et vit toujours à Jakarta)
Pour le réveillon de Xin Cia toute la famille se rassemble. Tout le monde porte de nouveau vêtement en intégralité (pas seulement le vêtement qu’on porte à l’extérieur mais aussi les sous vêtement). Il ne faut surtout pas porter un vêtement abîmé (troué, etc.).
La famille passe le réveillon réunit autour d’un grand buffet. Ce qui est intéressant avec ce grand buffet c’est qu’il y a l’interdiction de manger de la nourriture acide et du porridge. De l’autre côté il est obligatoire d’avoir le Pork Belly (poitrine de porc), des oranges, Lapis Legit etc.
Le jour de Xin Cia, tout le monde se réveille tôt et se fait beau. C’est très important à faire attention à l’apparence et la propreté parce que ce jour-là, ils vont aller voir toute la famille, ceux qui sont hiérarchiquement supérieur. Aujourd’hui, pour faire plus simple, toute sa famille se rassemble dans une maison et fête l’Imlek ensemble avec un grand repas.
Traditionnellement, plusieurs personnes cuisinaient pour préparer le repas. Maintenant c’est beaucoup plus pratique, beaucoup de restaurants et traiteurs en Indonésie proposent un package spécialement conçu pour la célébration d’Imlek, il suffit de passer la commande au préalable.
A propos de cuisine, il existe une liste de nourriture qui est obligatoirement présentée sur la table de prière. Dans la famille de Cecilia, sa maman cuisinait chaque année pour préparer ces nourritures. Mais comme pour le repas de célébration d’Imlek, aujourd’hui ils peuvent commander un package pour la table de priére.
Dans la période ou la célébration liées à la culture chinoise était interdite, il y avait de la honte de faire les célébrations et d’appartenir à la descendance chinoise. Aujourd’hui c’est beaucoup simple.
Jacqueline (elle est née, grandie à Medan et maintenant elle vit à Norvège)
Au matin du Sa Cap Meh la famille prie pour les ancêtres (le menu des offrandes de l’autel de prière est plus luxueux que le menu de prière habituelle). Ensuite, la famille se rassemble et partage un grand repas.
Après dîner, tout le monde part au temple pour la prière (aux alentours de 3 heures du matin, après le Xin Cia Che It). Le temple souvent est très rempli par toutes les personnes qui sont aussi là pour prier. En tant qu’enfant, elle adorait pouvoir passer la nuit blanche avec les adultes.
Dépasser minuit, les adultes avertissent les enfants de ne pas balayer ou même approcher le balai. Ils disent que l’action de balayer balayera la prospérité de la famille. Ils ont le droit de balayer à partir de Che Dji (2e jour d’Imlek). Même pour ce jour-là, le balai ne peut pas sortir de la maison. Il faut balayer de l’entrée de la maison vers l’arrière.
A partir de Che It, la famille fait Pai Cia (offrandes aux dieux de la richesse) et reçoit les invités pour Pai Cia aussi. La tradition est très hiérarchique, mais en bref ça s’explique comme ceci :
Les enfants qui sont déjà mariés visitent la maison de leur parents/grands-parents/arrières grands-parents (s’ils sont encore vivants) et les donnent l’Angpao (enveloppes rouges contenant de l’argent). Tant que les parents/grands-parents/arrières grands-parents donnent l’Angpao aux petits enfants/arrières petits enfants qui ne sont pas encore mariés.
Les enfants qui ne sont pas encore mariés visitent les parents/grands-parents/arrières grands-parents, mais ils ne donnent pas l’Angpao, ils le reçoivent.
Les filles qui sont déjà mariées sont considérées comme faisant parties de la famille de leurs maris. Elles doivent faire Pai Cia d’abord à la maison des parents (si les parents ne vivent pas avec eux), ensuite aux grands-parents/arrières grands-parents et tout le reste de la famille de son mari qui sont hiérarchiquement sénior par rapport à eux.
L’ordre de la visite commence par la famille du côté mâle de la belle famille (autrement dit, la famille du père du mari), suit par la famille du côté femelle de la belle famille (la famille de la mère du mari). Quand le Pai Cia de la famille du mari est terminé, le couple (et leur enfant) peuvent visiter la famille de la femme et faire la même chose.
Le code vestimentaire d’Imlek est qu’il faut des nouveaux vêtements (y compris les sous-vêtements, les chaussettes, les chaussures etc.). La partie extérieure du vêtement est normalement en rouge, si possible avec de nuance d’orée. Dans la famille de Jacqueline, habituellement ils ont 5 sets de nouveaux vêtements – à changer tous les jours jusqu’au 5e jour d’Imlek (pour pouvoir continuer à porter des nouveautés sur les cinq premiers jours).
Pour l’alimentation, il y a de différentes habitudes dans la famille de Jacqueline :
Du côté de son père qui a d’origine Kong Hu (廣府人 – Cantonnais). Le menu change tous les ans et n’est pas toujours des spécialités cantonnaises. Voici quelques exemples : Cantonese waxed duck (lup ngap, lap ak), Cantonese poached chicken, 佛跳牆 (Buddha Jumps Over the Wall), 8 treasure chicken (embalés dans les feuilles de lotus), chicken with chestnuts, hu wan and hu phio soup (fishball and fish maw soup), poisson vapeur, abalone soup, hai som, fu yong hai, etc.
Quand son père c’est remarié, elle a beaucoup fêté Imlek dans la tradition Teochew (潮州人). Donc au menu, il y a entre autres : 3 types de viande (porc, poulet et poisson) comme sio bak/sio tu, tut ho bakso soupe, poulet à l’ananas, lo ak. Ensuite il y a des plats de légumes comme cap chai, on te chai (tous les légumes verts qui symbolisent le flot de l’argent). Il y a aussi les nouilles qui symbolisent la longévité. Comme dessert il y a Bika Ambon (un gâteau indonésien typique de Medan) et les fruits.
Maintenant que Jacqueline vit en Norvège et sa maman vit en Suède, elle passe sa cap meh et Imlek chez sa maman. Puisque la plus grande partie des invités sont des occidentaux (la famille de son mari et la famille du mari de sa maman) elles cuisinent plutôt le steamboat/hotpot (sorte de fondue chinoise) avec la version végane et non-végane.
Celui qui cuisine est toujours quelqu’un de la famille qui est à l’aise à la cuisine (autrement dit si tu ne cuisine pas bien tu ne cuisine pas ce jour la).
La famille de la belle mère de Jacqueline est très grande, ils habitent très proche les uns des autres donc la célébration est devenue pharaonique. Il y a 1 cochon complet, 10 poulets à l’ananas, 5 canards loh ak, 5kg de teochew nouilles et 200 moules de Bika Ambon. Ils passent toute la journée en mangeant.
Pour elle, la tradition de Sa Cap Meh (surtout à Siantar, Medan et Binjaï) normalement se passe en famille. Il était très rare de recevoir les gens de l’extérieur/voisins/amis, puisque leur entourage célèbre aussi l’Imlek avec leur propre famille.
Après Sa Cap Meh, il y a une porte ouverte pour ceux qui veulent (même s’ils ne fêtent pas l’Imlek). Par exemple : les collègues de travail, les tireurs de Becak (un petit chariot poussé par une personne à vélo) etc. Ils viennent avec leur femme et enfants. Même quand la célébration ouverte était interdite, sa grand-mère donnait quand même des gâteaux et de friandises d’Imlek et aussi l’Angpao.
La première fois que Jacqueline a vu Barongsaï (le dragon) en public (dans la rue devant la maison ou elle habitait) c’était en 1999.
Un souvenir d’enfance de Jacqueline est les boissons gazeuses qu’elle considérait comme un luxe en tant qu’enfant. En approchant l’Imlek, sa grand-mère commandait souvent (et en grande quantité) du Sprite, Coca et un soda local parfumé à sarsaparila (sarsaparila) qui s’appelle Badak. La maison était remplie par un tas de caisse de soda. Pour elle, c’était un gratte-ciel des meilleurs sodas de la planète. Ces sodas étaient destinés aux invités, donc Jacqueline avait le droit de boire un petit peut (bien qu’il lui suffisait de persuader sa grand-mère pour en avoir plus).
Pour elle, il n’y a pas exactement un aliment spécifique d’Imlek (à part l’alimentation pour l’autel des ancêtres). On peut toujours les cuisiner ou commander en dehors de la période de célébration. Ce qui rend le repas spécial est le rassemblement en famille (même si elle n’aime pas trop manger les abats).
Une note de Gemmy :
Comme Noël, je ne fête pas Imlek. Mais quand la célébration d’Imlek est permise publiquement, j’ai aussi profité à travers de collègues de bureau. J’ai fait la connaissance de Kue Keranjang, qui me manque depuis je vis en France. Ici, je ne connais personne qui la fête, si je veux manger Kue Keranjang en pensant aux amis qui fêtent Imlek, il faut que je le fasse moi-même.
Je souhaite Gong Xi Fa Cai, Xin Nian Kuai Le à tous qui le fête, que l’année de Serpent Bois vous apporte la prospérité, la santé et le bonheur !
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